Pomme de terre, tomate, aubergine… le doryphore est partout ! Cet insecte dont la taille ne dépasse pas le centimètre est un vrai cauchemar pour les propriétaires de potager. Au printemps, il perfore les feuilles et menace l’équilibre général de vos végétaux au moment de leur développement. La lutte contre ce fléau passe d’abord par des solutions préventives, et, en cas d’invasion, des traitements curatifs existent.
Zoom sur le doryphore, ce poinçonneur des solanacées
Le doryphore, de son nom scientifique Leptinotarsa decemlineata, est un insecte de la famille des chrysomèles et appartenant à l’ordre des coléoptères. Avec une longueur de quelques millimètres, il possède une tête jaune et un corps rayé de noir et de jaune, ce qui lui permet d’être facilement reconnaissable.
Ses œufs aussi sont facilement identifiables. Mesurant entre 1 et 2 mm, ceux-ci sont de couleur jaune vif et deforme ovale. Quant aux larves, elles ont une teinte orangée et sont décorées de pointillés noirs.
Fiche d’identité du doryphore
Nom scientifique | Leptinotarsa decemlineata |
Période des dégâts | Printemps et été |
Parties attaquées | Feuilles, tiges et tubercules |
Conditions favorables | Température au-delà des 15 °C |
Signes distinctifs | Tête jaune & corps rayé de noir et de jaune |
Attaque de doryphore : symptômes et dégâts
Dans vos potagers, le doryphore s’attaque volontiers aux pommes de terre. Toutefois, certaines espèces affectionnent particulièrement d’autres solanacées à l’instar de la tomate et de l’aubergine.
Les symptômes sont assez caractéristiques : les parties aériennes de la plante (c’est-à-dire le feuillage) sont perforées de petits trous. La plante infestée voit donc son développement ralenti, et la récolte peut être très pauvre.
En cas de forte attaque, les dégâts sont considérables : les larves et les adultes peuvent consommer entièrement les feuilles, les tiges et les tubercules. Très voraces, les doryphores sont capables de ravager toute une culture de pomme de terre en un rien de temps.
Cycle biologique du doryphore
Les attaques de doryphores sont généralement constatées d’avril à septembre, c’est-à-dire au printemps et en été. En effet, ce petit coléoptère affectionne particulièrement les climats chauds et secs.
Le cycle de vie du doryphore peut différer légèrement selon les régions et les conditions de température, mais dans la plupart des cas, les adultes hibernent à 30 cm sous terre et au printemps (lorsque la température dépasse les 15 °C), ils sortent de leurs cachettes pour se nourrir de feuillage.
Après accouplement, les femelles pondent 10 jours plus tard et déposent leurs œufs, au nombre de 600 en moyenne, au revers des feuilles. Ceux-ci éclosent après une semaine et donneront naissance aux larves qui se nourriront des parties aériennes du végétal pendant 15 jours. Ils se tapissent ensuite dans le sol et entrent dans la phase de la nymphose [période pendant laquelle la larve se transforme en nymphe puis en doryphore adulte] qui dure 20 jours.
La nouvelle génération de doryphore apparaitra en été et gagnera les feuilles.
Comment prévenir l’attaque des doryphores ?
La lutte préventive contre ces petits coléoptères peut se faire de 3 manières :
1) Favoriser la biodiversité dans son jardin
Lutter contre les insectes ravageurs, enrichir le sol, équilibrer la flore et la faune… le secret pour avoir un jardin (ou un potager) en bonne santé, c’est bien évidemment la biodiversité. Ici, votre objectif sera d’attirer les prédateurs naturels des doryphores, à savoir les oiseaux et les coccinelles. Et pour leur offrir refuge, il suffit parfois de peu : mise en place d’un abri à insectes, plantations de haies champêtres, installation d’un nichoir… Ainsi, vous n’aurez aucunement à recourir aux traitements chimiques.
2) Adopter de bonnes habitudes culturales
- N’oubliez pas de pratiquer la rotation des cultures. Si à sa sortie d’hibernation au printemps, le doryphore trouve encore son « plat préféré » au même endroit, nul doute qu’il subsistera dans votre potager. Attendez 2 ans, voire plus, avant de replanter des solanacées sur la même parcelle. Cela aura pour conséquence de diminuer la reproduction de cet insecte.
- Privilégiez l’utilisation de fumier (ou de compost) à celle des engrais minéraux.
- Effectuez un paillage de votre potager. Cela consiste à recouvrir de cartons, de bâches ou de toiles de jute le sol afin de retarder la venue des doryphores et la période de ponte.
- Au printemps et en été, contrôlez régulièrement le revers des feuilles qui peuvent abriter les œufs et les larves.
- Après la récolte, déracinez les plantes attaquées et brulez-les.
3) Privilégier la technique du « compagnonnage » (association végétale)
L’association de certaines plantes ne permet pas seulement d’obtenir de belles récoltes, cette technique peut également protéger contre l’attaque des insectes nuisibles. Ainsi, pensez à planter l’un des végétaux qui suivent à proximité de vos pommes de terre :
- L’ail
- La ciboulette
- Les pétunias
- Les œillets d’Inde
- Le raifort
- La tanaisie
- Les haricots,
- Le ricin ou le datura (attention, ces végétaux sont toxiques pour l’homme)
Vous pouvez également semer des graines de lin bleu annuel à côté de votre plantation pour éloigner les doryphores.
Et qu’en est-il des luttes curatives ?
En cas d’attaques avérées, la première chose à faire est de recueillir manuellement les doryphores, leurs larves et leurs œufs. Entreposez-les dans un sachet en carton que vous brûlerez ensuite. Bien sûr, cette solution n’est conseillée que si vous avez une petite surface cultivable.
Une fois cette étape terminée, vous pourrez ensuite opter pour l’une des solutions proposées ci-dessous !
Option 1) Pulvérisez une infusion d’ail
- Broyez 250 g d’ail (n’enlevez pas la peau) et faites-le bouillir dans 1 litre d’eau.
- Laissez reposer une demi-journée
- Diluez au 1/15 et additionnez 1 cuillerée à café de savon noir liquide
- Pulvérisez ensuite la solution sur les plantes ravagées. Réitérez l’opération 3 fois, à 3 jours d’intervalle.
Option 2) Utilisez des nématodes
L’utilisation des nématodes est autorisée en agriculture biologique. Il s’agit de vers microscopiques qui se nourrissent des doryphores et de leurs larves. Vous pourrez facilement en trouver dans les boutiques spécialisées. Ils sont disponibles sous forme de poudre à diluer dans l’eau.
Pulvérisez la solution sur les plantes infestées. Répétez l’opération 2 fois, à 7 jours d’intervalle.
Option 3) Optez pour un insecticide à base de Bacillus Thuringiensis
Cet insecticide bio est également une alternative à considérer pour se débarrasser des doryphores tout en préservant l’écosystème de votre jardin. Le Bacillus Thuringiensis sécrète une substance toxique pour les larves. Disponible en jardinerie, ce produit se pulvérise sur l’ensemble de la plante au moment de l’éclosion des œufs.
Vaporisez en fin de journée et par temps sec, car la bactérie ne supporte pas les rayons du soleil.
À noter que cet insecticide ne présente aucun danger pour les œufs.
Option 4) Utilisez en dernier recours un insecticide chimique
Ce type d’insecticide ne doit s’utiliser qu’en cas de fortes attaques, car ils peuvent altérer l’écosystème de votre potager. Voici quelques précautions à respecter si vous optez pour ce produit :
- Tournez-vous vers un produit à base de pyréthrinoïdes de synthèse à l’instar de la cyperméthrine.
- Un insecticide de synthèse est nocif pour les abeilles, ainsi évitez toute application durant les heures de butinage. Utilisez le produit tard le soir ou tôt en matinée.
- Suivez scrupuleusement les précautions d’emploi.
En résumé, les moyens de lutte contre le doryphore
Infusion d’ail + savon noir liquide | Pulvérisation 3 fois, à 3 jours d’intervalle |
Nématodes | Pulvérisation 2 fois, à 7 jours d’intervalle |
Insecticide à base de Bacillus Thuringiensis | Vaporisation en fin de journée et par temps sec Respecter précaution d’emploi |
Insecticide de synthèse | Respecter précaution d’emploi |