La plantation d’arbres fruitiers revient à la mode. Disposer de son propre verger est une véritable mine d’or pour qui sait s’en occuper correctement. Toute l’année durant vous pourrez profiter de vos propres fruits et de variétés dont vous ne pourrez sûrement pas trouver en supermarché.
Produire soi-même est un adage vers lequel beaucoup de français se tournent. Cela permet de non seulement maîtriser son approvisionnement et d’en faire profiter ses proches, mais en plus, on sait ce que l’on met dans son assiette.
L’aspect écologique d’une telle activité est un plus qui permet de profiter de son environnement tout en le respectant et en l’enrichissant. Il s’agit cependant d’une tâche qui n’est pas simple et qui demande de suivre quelques principes élémentaires. Voyons cela de plus près.
Choisir le bon emplacement et créer sa parcelle
Selon le climat et les conditions météorologiques de votre région, votre verger ne sera pas disposé de la même manière. En effet, il est important de ne pas créer de couloirs trop exposés au vents dominants. Pour cela, on peut très bien créer un rideau brise-vent avec des haies ou des végétaux grimpants.
La haie va ainsi jouer deux rôles prépondérants à la bonne conduite d’un verger :
- protéger vos plants de l’arrachement et des mauvaises conditions météorologiques ;
- abriter les insectes, les oiseaux et tout l’écosystème dont à besoin un verger pour s’épanouir.
À savoir : une haie brise-vent est généralement en lisière de verger sur une hauteur de ¾ de la hauteur des arbres du verger si possible.
L’ensoleillement est également une donnée cruciale à prendre en compte. Pour cela vous devrez absolument repérer la trajectoire des rayons du soleil et le déplacement des ombres sur toute la journée.
Les arbres à noyaux (pêcher, cerisier, abricotier, etc.) seront placés en priorités aux emplacement les plus ensoleillé et les plus chauds. L’ensoleillement permettra de garantir une bonne croissance, un arbre garni de beaux fruits juteux et sucrés tout en éloignant au maximum les maladies cryptogamiques de type tavelure et oïdium.
Enfin, assurez vous que la terre de votre futur verger soit fertile et saine. Que celle-ci ne comporte pas de gravats ou de déchets. Il faudra également éviter de placer des bêtes (type chèvres, vaches, etc.) qui pourraient grandement dégrader vos arbres, voire les détruire si ceux-ci ne sont pas encore assez fort.
À savoir : par contre, demander à un apiculteur de poser quelques ruches dans votre verger peut grandement améliorer la croissance de vos plants et même améliorer le rendement, la taille des fruits, leur tenance en sucre et leur qualités gustatives.
Étape de la plantation des arbres fruitiers
La plantation des arbres fruitiers repose sur les mêmes principe que n’importe quelle autre plantation de végétaux. Il faut respecter la période de repos végétatif. Celle-ci s’étire de novembre à début avril. Selon les années et le climat, il se peut que cette période s’allonge, commence plus tôt ou plus tard.
Généralement, il est pris comme repère la Sainte Catherine qui a lieu le 25 novembre pour commencer à planter ses arbres. Certaines espèces comme le noisetier ou l’amandier peuvent se planter jusqu’à la mi-janvier et d’autres jusqu’à la mi-février comme le pêcher et l’abricotier. Les pommiers font partie des variétés les plus tardives et peuvent se planter jusqu’en avril.
Pour planter ses arbres fruitiers, il est souvent conseillé de creuser les trous en avance afin de ne pas avoir à le faire lorsqu’on dispose du porte-greffe. Un trou de 50 cm de profond sur 50 cm de largeur est la norme (le trou doit être carré pour éviter de faire tourner les racines en rond).
Lorsqu’arrive le moment de planter ses arbres, on praline les racine. Cette action consiste à enrober les racines d’une mixture liquide (terreau de jardin et bouse de vache) afin de créer une barrière protectrice contre le froid et d’aider les racines à se développer plus rapidement et de façon plus saine.
La dernière chose à savoir est qu’il est important de placer son arbre de la bonne façon afin de ne pas faire s’emmêler les racines. Le porte-greffe doit toujours se situer au-dessus du niveau du sol pour éviter que ce soit celui-ci qui reparte à la place du greffon.
Une fois toutes ces étapes réalisées, veillez à recouvrir le trou de terre fine enrichie en compost fin et bien décomposé.
À savoir : ne mettez jamais de fumier par-dessus la terre, celui-ci est trop riche et pourrait brûler les racines et tuer votre arbre.
Tableau des distances de plantation en fonction du porte-greffe associé
Selon les cas, comptez environ 5 m à 6 m sur la ligne et 6 m à 7 m entre les lignes pour planter un arbre fruitier. Ces données sont susceptibles de changer en fonction :
- de la variété fruitière plantée ;
- de la nature géographique ;
- du type de sol ;
- du terroir ;
- de la façon dont on désire conduire l’arbre ;
- du porte-greffe.
Voici un tableau rassemblant quelques unes de ces données pouvant vous donner un aperçu des différences selon les porte-greffes associés.
Espèce d’arbre | Type de porte-greffe | Entre les lignes (en mètres) | Sur la ligne (en mètres) |
Cerisier | Sainte Lucie | 5,5 à 6 | 6 à 7 |
Cerisier | Merisier | 7 à 8 | 8 à 10 |
Pommier | Franc | 5,5 à 7 | 6 à 8 |
Pommier | M106 | 3,5 à 4 | 4 à 6 |
Poirier | Franc | 5 à 6 | 6 à 7 |
Poirier | Cognassier | 3,5 | 4 à 5 |
Abricotier | Franc | 6 | 7 |
Abricotier | Myrobolan | 5 | 6 |
Prunier | Myrobolan | 5 | 6 |
Noisetier | – | 3 à 4 | 4 |
Pêcher | Amandier / Franc | 4 à 5 | 5 |
La période de jeunesse de l’arbre
La période de jeunesse d’un arbre, qui s’étend du moment de sa plantation jusqu’à 2 ans voire 3 ans après, est cruciale pour la condition et la vigueur future de l’arbre. Pour éviter que celui-ci ne soit atteint de maladies, il est préconisé d’effectuer une taille au vert.
À savoir : une taille au vert signifie tailler un arbre lorsque celui-ci porte des feuilles. Tailler au vert permet de faire “saigner” l’arbre en laissant sa sève s’écouler. De ce fait, celle-ci va directement boucher le trou créé par la taille et dès lors les potentiels ravageurs ne pourront pénétrer à l’intérieur de celui-ci.
La taille au vert s’entreprend dès la reprise de la végétation et jusqu’à fin juillet, début août. Veillez à ébourgeonner une fois par mois et pincer les pousses herbacées à partir du moment où celles-ci ne sont pas supérieures à 20 cm de long (voire 30 cm pour certaines espèces moins sensibles). Il est important de ne pas tailler l’arbre en-dessous des charpentières (en-dessous des bifurcations du tronc).
Tailler et former son arbre fruitier
Tailler et former son arbre fruitier dépend de tout un chacun. S’il est important de faire de la place et de ne sélectionner que quelques branches à laisser pousser, pour la forme, cela ne dépend que de vos propres envies. Il est cependant important de se faire une remarque cruciale : lorsqu’il sera temps de cueillir les fruits, ne serait-il pas plus pratique de le faire à hauteur d’homme plutôt que d’utiliser un escabeau voire une échelle ?
On parle souvent de deux types de formes pour tailler un arbre fruitier :
- Les formes palissées : elles peuvent être en fuseau, en gobelet, en palmette, en quenouille, etc. et sont très esthétiques et vraiment pratique. Il est cependant intéressant de savoir que pour conduire son arbre en de telles formes, il faut non seulement avoir de solides connaissances en biologie mais en plus être un jardinier / paysagiste aguerri.
- Les formes libres : généralement constituées d’un étage (voire deux), on laisse libre court à l’arbre afin que celui-ci dispose ses branches comme bon lui semble. Ceci favorise également la biodiversité et la faune locale.
Si vous désirez en savoir plus sur la taille des arbres fruitiers, veuillez vous référer aux différents guides en question.
Juste après la plantation
Dès que votre scion est planté, vous pouvez commencer sa formation. Pour faire en sorte d’obtenir une forme axée centralement, il suffira de couper le scion à la hauteur voulue (la hauteur de coupe définira le départ de la première branche charpentière).
Une fois que vous avez réalisé cette étape, ôtez tous les bourgeons se situants sur les 10 premiers centimètres du haut du scion afin de servir de tuteur. Celle-ci constituera l’axe de votre arbre fruitier.
À savoir : ne coupez pas les scions des noyers et des figuiers, il s’agit d’arbres fruitiers qui n’ont pas besoin d’être rabattu.
Tâches à effectuer la première année
Attendez jusqu’à la mi-mai voire jusqu’en juin pour la prochaine étape. Il est très important de se remémorer certains principes de base comme de connaître l’angle d’insertion des branches charpentières sur le tronc et leur inclinaison. On devra toujours chercher à garder un angle de 45° (même si de manière générale, un arbre le fait de lui-même).
Vous pouvez décider de le former :
- En axe central : coupez à environ 2 / 3 feuilles les branches latérales du dessous. Certaines peuvent déjà constituer des branches charpentières même si elles se trouvent très bas (entre 50 cm et 70 cm). Les branches charpentières viendront s’insérer naturellement autour de cet axe central au fur et à mesure que celui-ci grandit.
- En gobelet : comme précédemment, vous devrez couper les poussez à 2 ou 3 feuilles sauf 3 à 4 que vous sélectionnez qui auront un départ différé (de 10 cm à 20 cm entre chaque départ).
Qu’il s’agisse d’une taille en axe central ou en gobelet, veillez à ne pas rabattre les branches sélectionnées en hiver. Au contraire, vous devrez conserver le bourgeon terminal afin de permettre une bonne croissance de l’arbre.
Travail du sol et amendement
Il est de notoriété de travailler le sol dans un futur verger. En effet, tous les adeptes jardiniers savent que les arbres poussent dans de meilleures conditions dans des sols travaillés. Il suffit pour cela de travailler le sol sur la ligne des arbres sur une largeur de 2 m à 3 m environ.
Si votre jeune arbre venait à végéter, il suffira généralement de travailler une couronne au sol de 2 fois la taille de la ramure en apportant un bon compost et en fauchant régulièrement à côté. De préférence en mulching ou alors en laissant l’herbe sur place pour un bon apport en nutriments essentiels (azote, etc.).
L’apport de compost essentiel de la première année
La première année on fait généralement un apport de fumure. Il s’agit d’un compost qui n’est pas trop riche en azote (afin de ne pas brûler les plants) qui permettra de donner à l’arbre les nutriments nécessaires à sa bonne croissance.
À savoir : même si un excès d’azote peut facilement brûler les racines d’un arbre, on préférera tout de même lui en donner suffisamment les premières années afin qu’il se développe de la bonne façon et atteigne un âge mûr dans de bonnes conditions et sans carences.
Maladies, parasites et traitements
Un arbre qui pousse dans de bonnes conditions dans un terreau fertile ne souffre généralement pas de maladies. Vous pouvez très bien pulvériser un peu de purin d’ortie sur les feuilles en préventif.
À savoir : la cloque du pêcher est cependant une maladie qui frappe les jeunes pousses encore faibles. Il existe plusieurs traitements préventifs et curatifs que vous pouvez utiliser. Pour cela, n’hésitez pas à visiter notre article spécialement dédié à la cloque du pêcher.
Les parasites auxquels vous devrez faire attention concernent surtout les chenilles et les pucerons. Le purin d’ortie fonctionne très bien sur ces deux insectes et suffira généralement à s’en débarrasser.
Que faire des premiers fruits ?
Lorsque vos arbres commencent à porter leurs premiers fruits, on se dit souvent qu’on va les laisser grossir pour pouvoir les manger. S’il est encore très jeune (moins de 3 ans), il est généralement conseillé de les enlever afin de ne pas ralentir sa croissance.
Une fois que votre arbre a grandi, sachez que l’éclaircissement est une pratique très courante pour avoir de meilleurs fruits, plus gros et plus savoureux. Dans le cas du pêcher il faut absolument le faire pour lui assurer une longue durée de vie.